Djurdjevic Architectes Djurdjevic Architectes
001 Oiken, Sion | 1er prix, 2ème rang

Type de mandat: Concours d’architecture en procédure ouverte
Maître d’ouvrage: OIKEN SA, Ville de Sion
Période de l’étude: 2021–22
Budget: 45’000’000 CHF
Surface bâtie: env. 15’000 m2
Périmètre du projet: env. 9’000 m2
Programme: Sous-station électrique, bureaux, parking-silo et habitation

Architecture: Djurdjevic+Florean, Zürich–Sion
Paysagisme: Forster-Paysage, Lausanne
Ingénieur structure: Holzbaubüro Reusser, Winterthur
Ingénieur mobilité: Team+, Lausanne
Consultant durabilité: EcoBIM, Genève
Consultant feu: Jean Larivé, Lausanne
Consultant biodiversité: Peter Marcus Bach, Dübendorf
Images: Ferala, Basel


Une pièce du Grand Paysage

Le projet s’inscrit dans un paysage marqué par de grandes figures territoriales. Au sud, la parcelle borde la digue et les berges du Rhône, espace public structurant et majeur de la ville. Au nord, la route des Ronquos, parallèle à la Chaîne des Parcs, sur laquelle le site vient s’appuyer. Cet axe appelé à devenir majeur à travers le quartier est imaginé en tant qu’avenue bordée d’alignements d’arbres, de larges trottoirs, de devantures de magasins et de terrasses. En longeant cette avenue le long de la parcelle, le passant est invité à l’intérieur de celle-ci par le rez transparent du bâtiment Oiken. Celui-ci laisse apercevoir le Cœur d’îlot et la fresque végétale de la façade de la sous-station électrique. La perméabilité des rez-de-chaussée permet une continuité spatiale, une structure faible connecte entre-elles les parcelles adjacentes, mais aussi les berges avec l’avenue. Ce territoire ouvert permet autant à la faune qu’aux humains de s’y mouvoir librement. Une rampe au sud de la parcelle permet aux personnes à mobilité réduite de gravir la digue, afin de garantir au plus grand nombre de profiter de cette infrastructure paysagère et du panorama sur le Rhône et les Alpes.

Atténuer l’effet d’îlot de chaleur

Dans l’îlot, une attention particulière est donnée aux sols et à ses revêtements. Ceux-ci sont transformés pour remplir de nombreux rôles. Ils permettent principalement l’infiltration de l’entièreté des eaux de pluie. La perméabilité du sol est privilégiée et l’utilisation de surfaces minérales est réduite au minimum. L’eau ainsi infiltrée sur place est stockée dans les sols à l’année grâce notament au système Stockholm et bénéficie directement à la flore pour laquelle l’abondance d’eau permet une meilleure croissance, une meilleure résistance aux aléas climatiques, et de rafraîchir l’air lors des chaleurs estivales. Des pavés-grilles en béton sont employés en transition entre les espaces enherbés et les cheminements imperméables, permettant un compromis entre infiltration des eaux et contraintes carrossables du sol. Les espaces enherbés ne nécessitent qu’un entretien extensif, des petits cheminements et îlots sont tondus de manière saisonnière entre les fauches bisannuelles de la prairie, offrant des petits parcours et espaces pour s’allonger et disposer du mobilier public. De la même manière, les toitures des bâtiments sont entièrement végétalisées et leurs substrats sont aussi des réservoirs participant au cycle naturel de l’eau. Ces surfaces sont restituées à la faune et flore par l’installation de biotopes: hôtels à insectes tas de bois et pierriers. Ceux-ci servent d’habitats pour reptiles, insectes, oiseaux, qui se partagent l’espace des toitures avec des panneaux photovoltaïques sous lesquelles pousse une strate herbacée.

Des volumes simples et compacts

Le projet propose une série de volumes compacts, à la géométrie orthogonale adaptée à la construction bois. Le déploiement de façade minimise les pertes thermiques et garantit un ensoleillement maximal dans les espaces intérieurs du quartier. Les gabarits sont précisément maintenus sous la limite de 30 mètres (bâtiment de moyenne hauteur); assez haut pour s’intégrer à la future densité du quartier de Ronquoz 21, assez bas pour éviter toutes les contraintes et surcoûts liées aux bâtiments de grande hauteur (cage d’escalier sous-pression, sas, sprinkler, gaines techniques incombustibles et sous pression, ascenseurs pompiers, façades incombustibles). La composition balancée des volumes et la générosité des espaces publics végétalisés permet d’offrir des percées visuelles sur le Grand Paysage Sédunois.

Bâtiments habités et bâtiments paysages

Deux types distincts de bâtiments se cotoient; des bâtiments habités tels que le nouveau siège social d’Oiken et le bâtiment d’habitations: volumes élancés, façades bois et ouvertures généreuses permettant de profiter d’une vue imprenable sur la Ville de Sion et les Alpes. L’expression architecturale est à la fois singulière et homogène. Singulière par le traitement des façades qui est adapté au programme; larges ouvertures horizontales pour les bureaux et ouvertures plus ponctuelles et domestiques pour les habitations. Homogène par l’usage du bois naturel local dans la construction et les façades, l’installation de panneaux photovoltaïques teintés dans les garde-corps et avant-toits ainsi que l’usage de protections solaires textiles donnent une identité commune à cette famille de bâtiments. Un second type de bâtiments (parking silo et sous-station électrique) se caractérise par une volumétrie basse et par des usages temporaires ou techniques. Les volumes sont intégrés et fondus dans le paysage verdoyant du Coeur d’îlot par un traitement différencié de la végétalisation en fonction de leur position urbaine et de leurs vis-à-vis.

Ici, et maintenant

L’ensemble du projet est conçu pour répondre aux exigences de la construction écologique (Minergie P et A) et dans le respect du développement durable (SNBS, Société 2’ooo W); énergie grise minimale, matériaux biosourcés (laine de bois, laine de chanvre, paille compressée,..), efficience énergétique, réutilisation possible des matériaux de construction (passeport Madaster), maîtrise des gains solaires, production d’électricité (PV), promotion de la biodiversité et de la mobilité douce, renforcement des liens sociaux et bien-être des utilisateurs (aspects bioclimatiques). Le projet qui s’enracine dans ces valeurs est centré autour de l’utilisation du bois local dans la construction mixte bois-béton. Ce choix permet ici de réduire le volume de béton de 60% par rapport à une construction tout béton, tout en garantissant une structure adaptée répondant aux contraites sismiques. Le Valais, canton au rayonnement solaire le plus élevé de Suisse (+16% moyenne), les toitures et façades sont propices à l’installation de panneaux photovoltaïques.